Elytis: Banquet Speech

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Elytis: Banquet Speech

Elytis’s speech at the Nobel Banquet, 10 December 1979

Sire, Madame, Altesses Royales, Mesdames, Messieurs,

Le voyage d’Odysseus, dont il m’a été donné de porter le nom, semble ne devoir jamais s’achever. Et c’est heureux.

Comme l’observait un de nos grands poétes contemporains, l’essentiel n’est pas dans le retour à Ithaque, qui met un terme à presque tout, mais dans l’errance qui est connaissance et aventure. Ce besoin de I’homme de découvrir, de connaître, de s’initier à ce qui le dépasse, est irrépressible. Nous sommes tous captifs de cette soif de connaître “le miracle,” de croire que le miracle se produit, pourvu que nous y soyons préparés et que nous l’attendions.

En me consacrant, à mon tour, pendant plus de quarante ans, à la poésie, je n’ai rien fait d’autre. Je parcours des mers fabuleuses, je m’instruis en diverses haltes. Et me voici, aujourd’hui, à l’escale de Stockholm avec pour seul capital, dans mes mains, quelques mots helléniques. Ils sont modestes, mais vivants puisqu’ils se trouvent sur les lévres de tout un peuple.

IIs sont âgés de trois mille ans, mais aussi frais que si l’on venait de les tirer de la mer. Parmi les galets et les algues des rives de l’Egée. Dans les bleus vifs et l’absolue transparence de l’éther. C’est le mot”ciel,” c’est le mot”mer,” c’est le mot”soleil,” c’est le mot”liberté.” Je les dépose respectueusement à vos pieds. Pour vous remercier. Pour remercier le noble peuple de Suède et ses maîtres à penser qui, en s’opposant à l’estimation quantitative des valeurs, conservent le secret de renouveler chaque année le miracle. Je vous remercie.

[© The Nobel Foundation, 1979. Odysseus Elytis is the sole author of his speech.]

Translation by Michael L. Lazare:

Sire, Madam, Your Royal Highnesses, Ladies and Gentlemen:

The voyages of Odysseus, whose name it has been given to me to bear, seem to never be completed. And this is a good thing.

One of our great contemporary poets observed that the value is not in the return to Ithaca, which brings an end to almost everything, but rather in the wandering, which is knowledge and adventure. Man’s desire to discover, to know, to enter in that which surpasses him, is irrepressible. We are all captives of this thirst to know “the miracle,” to believe that the miracle will happen as long as we are ready for it and await it.

In devoting myself to poetry for more than forty years, I have done nothing else. I travel seas full of marvels, I learn in varied stopping places. And here I am today, in the Stockholm port of call, with a few words of Greek the only currency in my hands. These words are modest but full of life, since they are spoken by an entire people.

They are three thousand years old, but as fresh as if they had just been pulled from the sea. Among the pebbles and the algae of the Aegean coast. In the vibrant blues and absolute transparence of the air. They are the word “sky”the word “sea” the word “sun” the word “liberty.” I lay them respectfully at your feet. To give thanks to you. To give thanks to the noble people of Sweden and its best thinkers who, in opposing a quantitative valuation of worth, conserve the secret of renewing the miracle each year. I thank you.